autobiographie professionnelle

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Correcteur Rédacteur Éditeur Auteur

Sud Ouest

Mai 2000. À Bordeaux, en maîtrise de paléo-anthropologie, quoique intéressé par son contenu et n’ayant pas à rougir de mes résultats, je vois bien que je ne possède pas la flamme pour m’épanouir dans ce domaine. Parce que j’aime écrire et lire, l’idée d’une réorientation fait son chemin : la presse écrite. Et pour valoriser mes quatre ans d’études, pourquoi ne pas devenir journaliste scientifique ? Mais par quoi commencer ? Eh bien, par exemple, par un stage d’observation à Sud Ouest.

En cinq jours dans les locaux du quotidien, j’ai écrit six petits papiers et… beaucoup attendu. Quoi ? Les fins de journée. Petite déception, que je mets plus sur le compte des modalités d’un stage d’observation que sur la réalité du travail de journaliste.

Ouest France

Octobre 2002. À l’IUT de Lannion, engagé dans une licence professionnelle dont l’intitulé trop long me pousse à le résumer d’un mot : journalisme, j’effectue un premier stage à la rédaction locale de Ouest France. J’y découvre, mieux que dans les cours, la manière d’écrire un article de presse, concis et informatif, ainsi que le vrai rythme d’un journaliste de la presse quotidienne. Et puis, cette fois, on me donne du papier à rédiger. L’expérience s’avère plus enrichissante qu’à Sud Ouest. Néanmoins, si je m’acquitte consciencieusement de mes tâches, je ne ressens pas d’enthousiasme débordant pour ce métier. Le doute s’installe.

Sciences Ouest

Janvier 2003. Dans un bureau exigu, et toujours dans le cadre de la licence professionnelle de l’IUT de Lannion, j’effectue un second stage, dit « long », au sein de la rédaction de Sciences Ouest, revue rennaise émanant de L’Espace des sciences, un CCSTI, ou Centre de culture scientifique, technique et industrielle, et il est grand temps que j’achève cette première phrase un peu trop longue. Je m’exerce à un journalisme qui flirte avec la communication dans une revue mensuelle à caractère scientifique. Le rythme et le contenu me conviennent mieux, et je commence à prendre goût au texte ciselé. Pour être plus précis, je suis plus à l’aise à fignoler mes textes qu’à les rédiger.

L’expérience est concluante, autant pour moi que pour la structure qui m’accueille, puisque la rédactrice en chef fait appel à moi pour écrire ponctuellement des articles jusqu’à ce que je migre en Auvergne, à la toute fin de l’année 2005.

Presse Océan

Février 2004. Quatre mois plus tôt, j’ai décroché mon premier job dans un trimestriel baptisé Le Pêcheur professionnel continental et estuarien. Ça a beaucoup fait rire mes proches vu l’intérêt très relatif que je portais, et que je porte toujours, aux poissons. C’est pourquoi cette expérience s’est arrêtée d’un commun accord à la fin de la seconde période d’essai.

Sans transition, me voici projeté dans un univers que je connais à peine plus que la pêche : les sports. Et plus précisément la rédaction sportive de Presse Océan. J’y entre grâce à une amie qui a connu une trajectoire similaire à la mienne : des études en géologie — c’est à ce moment que je l’ai rencontrée — qui ont précédé une réorientation dans la presse écrite. Le sport n’étant pas un sujet de prédilection, je suis souvent volontaire à un poste qui n’attire guère les foules : le secrétariat de rédaction. Et ça me plaît.

Ah ! traquer sans relâche la faute, couper sans vergogne les articles trop longs, proposer des maquettes où les textes et les illustrations s’équilibrent avec grâce… Voilà un travail pour moi. J’attends l’heure où on me proposera un poste de titulaire, une heure qui ne viendra jamais. Heureusement j’ai un plan B, là-bas, en Auvergne…

De Borée

Décembre 2005. Je débarque à Clermont-Ferrand. Seul, sans connaître personne ou presque, dans une région réputée pour la rigueur de son climat hivernal. Le contexte gâche un peu mon accession au premier CDI de ma carrière, dans un secteur qu’au fond j’ignore : l’édition. Malgré mon inexpérience, les éditions De Borée, qui œuvrent dans le régionalisme, m’ont pourtant embauché. J’ai dû les convaincre, lors de deux entretiens, que la presse est assez proche de l’édition pour que je m’y adapte sans problème. Après tout, je relisais, corrigeais, coupais, mettais en pages des articles et gérais des auteurs… Pardon, des journalistes.

À vrai dire, le seul qui peine à être convaincu de ma légitimité au poste d’assistant d’édition, c’est moi. D’ailleurs, je passe ma première année avec le sentiment d’être un usurpateur, qui cache bien ne pas tout comprendre au monde qui l’entoure, mais qui retient au mieux ce qu’il observe. Débuts difficiles, donc, mais très vite le travail sur les textes et le contact avec leurs auteurs me révèlent que je suis fait pour ça.

Il a fallu que j’aille en Auvergne pour trouver ma voie, et c’est à Nantes, cinq ans et demi plus tard, que je la poursuis.

Tournez la page

Juin 2011. Pour parachever en beauté le cycle le plus auvergnat de ma vie, j’ai l’occasion, entre deux cartons de déménagement, de prêter ma plume délicate et sensuelle. C’est l’éditrice de Tournez la page, et ancienne collègue des éditions De Borée, qui me propose d’accompagner un psychiatre dans la rédaction d’un ouvrage. Le praticien apporte ses idées, et je les mets en forme. C’est-à-dire que je suis son nègre, mais un nègre privilégié car j’apparais sur la couverture en tant que co-auteur.

Vaincre les insomnies et l’anxiété est ma première expérience d’écriture au long cours. Le délai est serré, puisque le gros du texte doit être rendu avant mon départ pour L.-A. (Loire-Atlantique) prévu à la mi-août ! Mais je m'y tiens. Pari tenu !

Rock First

Août 2011. Je viens de régler ma rupture conventionnelle avec De Borée, je prépare mon retour à Nantes tout en écrivant un livre, je prends également le temps de souffrir d’un rapide zona, quand soudain une rencontre costarmoricaine de 2002 vient sonner à mon huis (c’est une image) et me demande d’écrire pour Rock First, un irrégulomadaire fraîchement débarqué dans l’univers de la presse musicale, dont il a la charge… l’irrégulomadaire, pas la presse musicale. Il s’agit pour moi d’écrire des petites chroniques d’albums. Je l’aurais presque fait « pour le plaisir… », comme le disait un chanteur que les années quatre-vingt ont pris en otage sans demander de rançon parce qu’il n’y avait personne à rançonner, mais en plus je suis rémunéré. Payé pour donner mon avis, en somme. Le pied !

Gulf Stream Éditeur

Août 2011 (encore). De retour à Nantes, je commence une nouvelle aventure au sein de Gulf Stream Éditeur grâce à la directrice éditoriale que j’avais rencontrée en 2003, sur un chantier de fouilles archéologiques vendéen. À l’époque, ni elle ni moi n’envisagions un avenir dans l’édition. Huit ans plus tard, elle a besoin d’un assistant d’édition tandis que l’Auvergnat que je ne suis jamais devenu souhaite vivre à nouveau à Nantes. Je laisse le soin à ceux qui me lisent de déterminer si cette rencontre essentielle s’inscrit dans un destin ou n’est qu’une pure coïncidence. Permettez-moi cependant de croire à quelque chose qui transcende les existences.

La réalité économique ne me permet cependant pas de vivre l’aventure Gulf Stream Éditeur au-delà d’une année. Mais dès 2014, la maison devient la première cliente de mon auto-entreprise fraîchement créée.

Cat's Family

Novembre 2013. Un an que je suis au chômage et, oserais-je le dire, ça m’a été très bénéfique. En grande partie parce que je savais qu’à l’issue de cette période j’allais intégrer Cat's Family, maison qui édite des jeux pédagogiques et qui a été créée par une vieille connaissance rencontrée… à l’école primaire !

Cette fois, je ne contente plus seulement d’écrire et de relire des textes ou de gérer des auteurs, mais aussi, et surtout, de mettre en pages. Une activité que j’exerçais de manière marginale jusqu’alors, et qui devient centrale à ce moment-là ; InDesign n’a bientôt plus de secret pour moi.

Salarié à temps partiel, j’en profite pour lancer mon auto-entreprise pour compléter mes revenus. Il s’agit de proposer mes services autour du texte, principalement de la correction. Comme ça fonctionne plutôt bien, je me décide, au bout de deux ans, de me jeter dans le grand bain de l’indépendance.

Larousse

Octobre 2014. Une ancienne collègue Gulf Stream Éditeur me conseille de contacter une éditrice Larousse Jeunesse, qui cherche un correcteur pour un projet. Aussitôt dit, aussitôt fait. Satisfaite de cette première collaboration, elle me recommande à deux autres éditrices de la maison. Bonne nouvelle pour mon auto-entreprise !

Mobilis

Mars 2015. Sur l’espace consacrée aux Pays de la Loire du salon du livre de Paris, après quelques moments d’hésitation, je me présente à la directrice de Mobilis, qui s’exclame : « Ah ! c’est vous, Romain Allais ! » À ma grande surprise, ma réputation me précède. Je comprends qu’une ancienne collègue, la même qui m’a donné la piste Larousse Jeunesse, a parlé de moi. Du coup j’obtiens de corriger la version papier de la revue MobiLISONS. En prime, j’ai la possibilité de renouer avec l’écriture en rédigeant articles et chroniques pour le site Internet de Mobilis.

Antartik

Juin 2015. Un inconnu m’appelle. Il s’agit du directeur éditorial d’Antartik, un packageur nantais, qui souhaite me soumettre un texte pour correction. « Super ! Mais d’où tient-il mes coordonnées ? » me dis-je en moi-même tout en reconnaissant, toujours en moi-même, que ça n’a pas une grande importance du moment qu’il me donne du pain sur la planche et que la quantité de choses auxquelles je pense en si peu de temps est tout bonnement sidérante. Il m’explique alors qu’il a embauché une éditrice qui avait effectué un stage chez Gulf Stream Éditeur et avec laquelle j’avais eu l’occasion de travailler d’une manière assez satisfaisante pour qu’elle pense à moi lorsqu’il avait été question de chercher un correcteur pour le texte pour lequel il m’appelle présentement. Et maintenant soufflez !

Joca Seria

Octobre 2015. Je suis à la fin d’un congé sans solde, que j’avais pris pour gérer une surcharge de travail dans le cadre de mon auto-entreprise, surcharge qui n’a finalement pas eu lieu. Là, le fondateur des éditions Joca Seria m’appelle. Cette fois c’est une personne de Mobilis qui lui a soufflé mon nom. Il me propose la relecture d’un beau livre. La reprise en novembre de mon activité salariée chez Cat's Family associée aux quelques textes que j’ai encore à corriger ne me laissent que peu de temps, mais l’occasion est trop belle de travailler sur un beau livre, exercice que je n’ai pas eu l’occasion de faire depuis la création de mon auto-entreprise. J’accepte avec enthousiasme.